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Photo du rédacteurDelphine

Mon Kite Emoi, nouvelle brève


Quand on a les fesses qui chauffent la veille de Noël, il ne faut pas s'étonner d'un refroidissement certain le lendemain....


Aujourd’hui c’était Noël.

Deux jours sans sortir en kite alors que le vent était présent en force tous les jours, c’était vraiment péché.

Ce matin, Pierre-Alain, mon gentils guest de la semaine insista donc pour que je sorte.

Il était 9h30, l’heure parfaite pour profiter de la marée basse, de l’effet de la pleine lune et de ce merveilleux lagon d’eau chaude et flat.

Soleil au beau comme d’habitude mais un peu moins de vent que les jours précédent, je décidais donc de prendre la 10 au cas où.

Arrivée sur le spot, le tableau annonçait 19 nœuds quand même !

Bizarre… au niveau de l’école, il semblait n’y avoir que 12 nœuds maximum. Pierre-Alain et moi-même décidions donc respectivement de gonfler la 12 et la 10 (celle qui pousse vraiment forte vers le ciel par vent au dessus de 15 nœuds).

Mais arrivés sur la plage, le choc !

Le kite sous le bras, je m’y cramponnais pour le maintenir en place. Un vent à décorner un taureau et une pluie fine sous des nuages arrivés de nul part. Impossible de retourner la voile pour la poser au sol. Je retournais donc à l’école pour dégonfler et courir à la maison afin de prendre la 6.

Enfin, j’allais sortir en 6 !

Je ne pensais pas qu’un jour ce soit possible, ici à Parajuru !

Mais si, ce grand jour était arrivé sous l’effet de Noël, certainement.

Je repliais donc la 10 en vitesse, sautais dans le buggy, j’arrivais à la maison, me jetais sur la 6, posée là depuis des lustres, et repartais à toute vitesse pour ne pas louper cette tempête.

Revenue au spot, quelques uns et unes étaient déjà rentrées vidées par la force du vent et des embruns.

Même pas peur, la voile à la main, je m’empressais de la gonfler pour aller au plus vite sur l’eau.

Une kiteuse effarouchée par les conditions météo me demanda en quelle taille j’allais sortir : 6, je lui répondis, plus ça serait suicidaire !

Arrivée sur la plage, j’eu le plus grand mal à voir au travers de mes lunettes et à mettre les lignes en place compte tenu du vent et de la pluie. Je perdais du temps et m’agaçais toute seule.

Ces minutes là me parurent interminables, et elles le furent. Le temps de tout mettre en place, le vent avait baissé. Mince… dégoutée, ma 6 allait être trop faible !

Mais je choisis tout de même d’y aller pour le fun et qui sait, avec ce temps, ça pouvait changer à tout moment.

Une fois en l’air, je regardais ma voile et la testais fin de régler le trim à fond.

Que ne vis-je pas ?

Un 10 écrit sur ma voile…

Heu !!!!!!! Comprends pas là ??? Crotte de bique de chien qui pue di merda, je me suis plantée de voile, j’ai pris la vieille Rapace en 10, celle qui perd tout son air, au lieu de la 6 !!!!!

Zacarias le « beachsaveboy » vint me rassurer en me disant que ce n’était pas grave, elle était parfaite, le vent ayant baissé, j’avais 30 mn devant moi avec cette voile avant qu’elle ne soit HS.

Bon ben ok…. J’y vais… Enjoy la vida !

En effet, je retrouvais ma voile préférée, celle qui tient par tous les vents, celle avec laquelle je me sens en confiance, qui fait tout ce que je lui dis, qui me rassure. Mais quel plaisir ! Mon Dieu du kite tu existes !

Je naviguais ainsi une petite heure sous un vent de plus en plus fort, une pluie de plus en plus cinglante à ne plus y voir à 50 mètres. Impossible de porter mes lunettes totalement opaques maintenant. Je virais donc les lunettes et fermais un œil, celui côté sens de la direction pour essayer d’y voir un peu clair de l’autre.

Et puis d’un seul coup, une pluie diluvienne s’est abattue. Le ciel est devenu blanc, l’eau de la mer s’est transformée en un gigantesque bain moussant d’aspect neigeux. Visibilité 10 mètres. Un vent side off et des rafales de 30 à 50 nœuds.

Impossible de tenir la 10. Je me rapprochais donc le plus possible du bord mais pas trop car beaucoup de kiters étaient déjà là en attente, la voile à 12 heures, les pieds dans l’eau, je m’arrêtais donc, la voile à 12 heure de même, en espérant que ça se calme.

Manque de bol, une énième rafale me propulsa sur le banc de sable à ma droite. Je freinais des pieds, puis des fesses pour essayer de ralentir tout ce que je pouvais. La voile même maintenue à 12 heure continuait de m’emmener toujours plus loin.

Je tentais donc de la poser sur le côté afin de réduire sa vitesse et j’y arrivais, incroyable ! Il faut dire que en tant qu’experte débutante, je n’ai pas appris les gestes de sécurité en de telles conditions, à Parajuru 25 nœuds c’est un grand maximum normalement . J’essayais alors désespérément de tirer sur le Chicken Duck pour me sauver de ce mauvais vent mais n’à faire, le truc était bloqué. Quelle dinde ce canard !

Après 2,3 minutes de répit seulement, une nouvelle rafale relevait le kite et m’emmenait encore plus en off du banc. Je maitrisais la bête comme je pouvais à 12 heure afin de réduire l’impact du vent tout en me demandant combien de temps ça allait durer cette connerie. Je revérifiais mon trim pour me rassurer.

De nouvelles brusques rafales arrivèrent et je m’envolais cette fois ci vers le haut. Bref, c’était la merde. Il y avait bien la solution de tout larguer et ensuite de courir après ma voile, pourquoi pas, mais bizarrement ça me faisait encore plus peur et j’espérais encore que ça s’arrange.

Je regardais donc autour de moi : on était tous hélas un peu dans le même cas.

A gauche sur plage une voile passait à toute blinde devant moi, sa propriétaire (Jeannette) courant après, à droite rien, enfin si au loin, la voile d’une kiteuse à 12 heure dans la même configuration que la mienne hormis qu’elle était encore dans l’eau, elle.

Derrière moi, Pierre-Alain avec son kite à bout de bras impuissant me demandant si j’allais bien.

2, 3, 5 minutes, peut être plus, mais des minutes interminables à décoller du sol. Puis ma sauveuse, Jeannette arrivant en courant, empoignant mon harnais pour me ramener au sol. Et Zacarias tel un chevalier sur son cheval blanc arrivant aussi à pleine vitesse attrapant ma barre, la prenant à bout de bras, sans harnais, pour la ramener à la plage comme si de rien n’était, s‘amusant même avec… Bravo l’artiste !

Les jambes flageolantes, je récupérais ma planche dérivant pour la mettre à l’abris puis courais dans la même direction vers le large secourir la kiteuse que personne ne pouvait voir compte tenu du peu de visibilité.

Elle était en 9 mais plus forte que moi, 1m75, et 80 kg faciles, donc plus stable mais impossible pour elle de rejoindre la rive compte tenu du vent off et des rafales de vent vraiment puissantes.

Après un bref échange, on choisit donc de poser la bête.

Risqué, très risqué, la voile se baladant de droite à gauche sans qu’elle n’arrive à la maitriser complètement. Je craignais sérieusement pour ma vie, une mauvaise manœuvre et je me retrouvais au milieu des lignes, pas bon du tout. Je courais donc de droite à gauche en gardant une certaine distance pour ne choper la voile qu’au dernier moment. On s’y reprit une bonne dizaine de fois. Et puis victoire, j’arrivais à l’attraper mais impossible de la retourner. Le vent trop puissant la faisant se plier en deux, elle m’échappait des mains.

A la troisième tentative, je me jetais le corps entier sur la voile pour la maintenir au sol, le temps qu’elle déhooke et vienne faire de même afin de la poser complètement au sol. Même nos deux corps dessus, la voile continuait de menacer de partir.

Heureusement, une troisième kiteuse vint nous rejoindre pour maintenir la voile, pendant que la première rangeait les lignes et récupérait sa planche. Nous rentrâmes saines et sauves, moi toute pelée, le derrière en feu.

Cette année, Noël s’appelait Eole. Et ma vieille amie Rapace 10 ne s’est pas dégonflée.

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