Petite chronique de vie
Je me rappelle de ma première fois comme si c’était hier. Je pleurais dans le taxi qui me ramenait à l’aéroport. Le chauffeur pour une fois n’avait pas allumé la radio. J’essayais d’être discrète, de contenir ce sentiment incroyable. Ce n’était ni de la peine, ni de la joie mais l’impression de m’être enfin trouver. Un sentiment indescriptible.
Je quittais pour quelques temps cette terre qui me rendait si heureuse, le Brésil.
Plusieurs mois auparavant, j’arrivais à Fortaleza, l’intuition me guidant, j’étais sûr de mon choix et pourtant je n’avais jamais mis les pieds au Brésil.
Je me demande parfois, si un de mes ancêtres n’a pas navigué jusqu’ici. Après tout, les normands en ont été les premiers colons.
Au décollage de l’avion, assis dans mon siège, les larmes sont revenues. Je pensais à tout ce qui c’était passé, les moments difficiles pour trouver ma place, comme les moments de purs bonheur passés à courir sur la plage dès le lever du soleil, à nager dans ce lagon d’eau chaude, à galoper à cheval les cheveux dans le vent ou à apprendre ce nouveau sport dont je n’avais jamais entendu parler avant d’arriver sur cette terre lointaine : le kite surf.
Je m’appelle Delphine, autant dire que j’aime l’eau, surtout si elle est chaude. Vivre les pieds dans le sable chaud, tel était mon souhait. Mais les poser sur une planche dont la voile n’est même pas amarrée, je n’y avais pas pensé un seul instant.
Mon ancêtre avait du aimer la voile pour arriver jusqu’ici, moi aussi je l’aimerai.
Poussée par le désir de maîtriser ce vent qui vous décoiffe tout le jour durant.
Poussée par l’envie de glisser sur cette eau qui vous appelle à la goûter.
Poussée par cette irrésistible envie d’y arriver.
Poussée par cette sensation de chevaucher non plus un cheval mais cette planche qui semble faire partie de vous.
Poussée juste par ce plaisir de plénitude quand les éléments vous portent au delà du temps et de l’espace, j’appris pourquoi.
Il y a des moments comme ceux là, où plus rien n’existe ou partir est un déchirement et revenir une évidence.
Les lumières de Fortaleza telles de petites pierres précieuses brillant dans la nuit me consolèrent. Ce qui n’est pas palpable me rend infiniment heureuse.